- 31 décembre 2025
- Coordinateur Erasmus
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Coordonner un projet Erasmus+ CBHE : entre ambition et défis Entretien avec le Professeur Mohammed Lakbiach, coordinateur du projet DIALANGUES
Coordonner un projet Erasmus+ de Renforcement des Capacités dans l’Enseignement Supérieur (CBHE) est souvent perçu comme un honneur académique et institutionnel. Mais derrière la visibilité, l’innovation pédagogique et l’impact structurel, se cache une réalité faite de complexité organisationnelle, de coordination interculturelle et de responsabilités multiples.
À travers le projet DIALANGUES, dédié au renforcement des compétences linguistiques et pédagogiques dans l’enseignement supérieur, Prof. Mohammed Lkbiach, coordinateur partage son expérience, sans détour
Prof. Mohammed Lkbiach, artisan de la dynamique Erasmus+ au Maroc
Professeur Mohammed Lkbiach biologiste de formation et de passion est l’un des acteurs les plus constants de la mise en œuvre du programme Erasmus+ au Maroc, depuis ses premières phases jusqu’à sa pleine maturité institutionnelle. Son engagement s’est particulièrement illustré au sein de l’Université Abdel Malek Essaadi (UAE), aujourd’hui reconnue comme un acteur majeur d’Erasmus+, avec plus de 20 projets de Renforcement des Capacités dans l’Enseignement Supérieur (CBHE) et son grand dynamisme dans la mobilité, positionnant l’université parmi les établissements marocains les plus dynamiques en matière de coopération internationale.
Pouvez-vous nous présenter brièvement le projet DIALANGUES ?
Prof. Lkbiach :
« DIALANGUES est un projet Erasmus+ CBHE qui vise à renforcer les compétences linguistiques, pédagogiques et numériques dans l’enseignement supérieur, en particulier dans des contextes multilingues. Le projet repose sur une coopération étroite entre universités européennes et partenaires des pays tiers, avec un objectif clair : améliorer la qualité de l’enseignement des langues et leur intégration dans les curricula universitaires.«
Pourquoi avoir accepté le rôle de coordinateur du projet ?
« Être coordinateur, c’est d’abord un engagement institutionnel et académique fort. Cela permet d’influencer la vision stratégique du projet, de garantir sa cohérence scientifique et de renforcer la visibilité internationale de l’université coordinatrice.
La coordination offre également un levier unique de leadership académique, en lien direct avec les priorités européennes : qualité, inclusion, innovation pédagogique et internationalisation »
Quels sont les principaux avantages de la coordination d’un projet CBHE ?
Les avantages sont nombreux :
- Un positionnement stratégique de l’université, reconnue comme acteur moteur de la coopération internationale
- Un renforcement des compétences institutionnelles, notamment en gestion de projets complexes
- Un impact structurel durable, avec des réformes curriculaires, des formations du personnel et de nouveaux dispositifs pédagogiques
- Un réseau académique élargi, souvent pérennisé au-delà du projet
Dans le cas de DIALANGUES, la coordination a permis de créer une véritable communauté de pratique entre enseignants, chercheurs et responsables institutionnels.
Et les difficultés ? Quelles sont les principales contraintes rencontrées ?
La coordination est aussi synonyme de fortes contraintes, parfois sous-estimées :
- La complexité administrative et financière, avec des règles européennes strictes, des rapports fréquents et une exigence élevée de conformité. Aussi, les règles nationales qui sont parfois difficiles à arrimer avec celles européennes.
- La coordination interculturelle, impliquant des partenaires aux cadres réglementaires, calendriers académiques et cultures institutionnelles différents
- La charge de travail, souvent concentrée sur quelques personnes clés, en plus de leurs responsabilités académiques habituelles
- La gestion des risques, qu’ils soient liés aux retards, aux ressources humaines ou à des contextes géopolitiques instables
Ces défis sont bien documentés par la Commission européenne, qui reconnaît que la capacité de gestion est un facteur clé de succès des projets CBHE.
Comment surmonter ces difficultés au quotidien ?
La clé réside dans trois éléments essentiels :
- Une gouvernance claire, avec des rôles bien définis dès le départ
- Une communication régulière et structurée, formelle et informelle
- Un soutien institutionnel fort, notamment à travers les bureaux des relations internationales et les cellules projets
- L’implication des différents départements concernés dès la conception du projet pour éviter les problématiques de gestion dès le départ.
Dans DIALANGUES, la mise en place d’outils collaboratifs, de réunions périodiques et d’un suivi qualité rigoureux a été déterminante.
Quel message adresseriez-vous aux enseignants qui hésitent à coordonner un projet CBHE ?
Je leur dirais que la coordination est exigeante, certes, mais profondément transformatrice. Elle permet de passer du rôle de participant à celui d’architecte du changement. Les projets CBHE ne transforment pas seulement les institutions partenaires ; ils transforment aussi celles et ceux qui les portent. C’est un investissement en temps et en énergie, mais dont les retombées académiques, humaines et institutionnelles sont considérables.
