Pacte pour la Méditerranée : une nouvelle ère de coopération euro-méditerranéenne

Le 16 octobre 2025, la Commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Mme Dubravka Šuica, et la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Iliana Kallas, ont présenté une nouvelle vision ambitieuse des relations entre l’Union européenne (UE) et les pays de la rive sud de la Méditerranée — le Pacte pour la Méditerranée intitulé “Une mer, un pacte, un avenir”. Ce cadre partenarial innovant constitue une refondation du partenariat euro-méditerranéen, dans la continuité du processus de Barcelone de 1995, mais avec une approche stratégique, co-créée et tournée vers l’action concrète.

Adopté sous forme de conclusions spécifiques par le Conseil « Affaires étrangères » le 20 novembre 2025, ce pacte a vocation à être endossé politiquement avec les pays partenaires du Sud à l’occasion du 30ᵉ anniversaire du processus de Barcelone, le 28 novembre à Barcelone.
Contrairement aux stratégies traditionnelles conçues essentiellement à Bruxelles, ce pacte est le résultat d’un processus de consultation d’un an réunissant les dix partenaires méridionaux de la Méditerranée, des organisations régionales (telles que l’Union pour la Méditerranée ou la Fondation Anna Lindh), la société civile, le monde académique et les acteurs économiques. Le Bureau Erasmus+ a eu l’honneur de participer à ces consultations et à l’atelier de haut niveau organisé à Rabat (voir article: https://erasmusplus.ma/atelier-haut-niveau-2025/). 

Premier pilier : Les personnes — moteur du changement, des liens et de l’innovation

Le pilier humain place les personnes au centre du pacte, en valorisant les échanges, l’éducation, l’engagement et la mobilité comme vecteurs de cohésion et de construction collective. Domaines d’action clés :

  • Enseignement supérieur et formation professionnelle : renforcement des programmes d’échange, ateliers conjoints et mise en réseau des institutions éducatives.
  • Mobilité et compétences : développement de la mobilité des étudiants, chercheurs, enseignants et jeunes professionnels via des programmes comme Erasmus+, avec un accent sur l’inclusion, la reconnaissance des diplômes, et la création de formations conjointes.
  • Culture, tourisme et sport : valorisation du patrimoine culturel méditerranéen, soutien aux artistes, développement d’initiatives culturelles transfrontalières et promotion durable du tourisme.
  • Jeunesse et participation civique : création d’une Assemblée parlementaire des jeunes pour la Méditerranée, d’un service civique méditerranéen et de plateformes de participation digitale pour renforcer l’engagement citoyen.

Ce pilier vise à promouvoir l’innovation sociale, l’inclusion et le dialogue interculturel, en reconnaissant les jeunes comme des acteurs essentiels du futur méditerranéen.

Deuxième pilier : Des économies plus fortes, durables et intégrées

Le pilier économique et environnemental vise à consolider la croissance durable, l’intégration des marchés, et la transition verte et numérique dans la région. Secteurs prioritaires :

  • Commerce et investissements : modernisation des relations commerciales, facilitation des échanges transrégionaux et intégration des chaînes de valeur.
  • Énergie propre et technologies propres : initiatives telles que la Trans-Mediterranean Renewable Energy and Clean Tech Initiative (T-MED) pour coordonner les investissements, favoriser les énergies renouvelables et accélérer la transition énergétique.
  • Blue economy et résilience des ressources : promotion d’une économie bleue durable, valorisation des ressources marines, soutien à la pêche responsable et à l’économie maritime.c
  • Connectivité numérique et infrastructures : développement de réseaux numériques sécurisés, transport, logistique régionale et technologies numériques intégrées.
  • Agriculture, eau et climat : actions pour renforcer la résilience à la pénurie d’eau, soutenir l’agriculture durable et répondre aux défis climatiques transfrontaliers.

Ce pilier entend faire du bassin méditerranéen une zone économique plus compétitive, inclusive et innovante, capable de créer des emplois et d’atténuer les inégalités sociales.

Troisième pilier : Sécurité, préparation et gestion des migrations

Le pilier sécurité et migrations reconnaît que la stabilité régionale repose sur la coopération dans des domaines critiques, allant de la prévention des risques aux politiques migratoires coordonnées. Domaines d’intervention :

  • Sécurité régionale et prévention des conflits : renforcer les capacités de coopération en matière de paix, sécurité maritime, prévention de la criminalité organisée et stabilité régionale. Préparation aux crises et résilience : renforcer la préparation aux catastrophes naturelles, la gestion des risques et la résilience des infrastructures critiques.
  • Migration et mobilité gérée : une approche intégrée axée sur les droits humains pour prévenir la migration irrégulière, mieux protéger les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, et renforcer les politiques d’intégration, de retour et de réadmission.
  • Gestion des frontières : coopération pratique autour des outils de gestion des frontières, y compris des partenariats opérationnels contre les réseaux de trafic. Ce pilier vise à promouvoir la sécurité commune tout en respectant les droits humains et en développant des solutions concertées et durables pour faire face aux défis migratoires et sécuritaires régionaux.

Vers un plan d’actions concret en 2026

Les 17 initiatives phares définies dans le pacte seront déclinées dans un plan d’actions opérationnel prévu pour le premier trimestre 2026, avec une participation flexible des partenaires du Sud selon leurs priorités. Ce plan deviendra un document vivant, évolutif et co-piloté par tous les acteurs impliqués.
Le Pacte pour la Méditerranée représente une nouvelle étape ambitieuse de coopération euro-méditerranéenne. Il répond aux défis actuels du XXIᵉ siècle — qu’ils soient éducatifs, économiques, environnementaux ou sécuritaires — en plaçant les personnes, les économies durables et la sécurité collective au cœur d’un agenda commun. Plus qu’une initiative politique, il est conçu comme un projet vivant, fondé sur la co-création, la responsabilité partagée et l’action concrète, pour façonner un espace méditerranéen plus intégré, résilient et prospère.

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