Femmes et coopération internationale

Prof. Karima Selmaoui : figure marquante de la coopération Maroc-UE partage avec nous comment révéler le potentiel des femmes

Prof. Karima Selmaoui est professeur à l’Université Ibn Tofail – Kénitra et responsable du Bureau des Relations Internationales de l’Université. Le professeur Selmaoui est très active dans les programmes européens de coopération éducative et scientifique : Temps, Erasmus+, PCRD et Horizon Europe. 
Pr. Selmaoui a participé et coordonné divers projets au niveau de l’université Ibn Tofail (Erasmus Mundus (2), Tempus (25), Erasmus+ CB (17) et projets de mobilité Erasmus+ KA107 (47)). Elle est également Point de Contact National Thématique (PCNT) du pillier 1 « Sciences d’excellence », sous pilliers « Conseil Européen de Recherche » et « Actions Marie Sklodowska Curie » pour le programme Horizon Europe. Elle est par ailleurs, responsable qualité dans divers projets Tempus et Erasmus+ et expert évaluateur des projets PRIMA. 

Forte d’une longue expérience en ingénierie, coordination et évaluation de projets, elle partage son regard sur la participation encore limitée des femmes enseignantes-chercheures aux projets internationaux et sur les leviers pour changer la donne.

On observe que les femmes participent encore moins aux projets internationaux. Comment encourager davantage les femmes enseignantes-chercheures à s’y engager ?

Pr. Karima Selmaoui :
« Il est vrai que, malgré les progrès réalisés, les femmes restent sous-représentées dans la coordination et parfois même dans la participation aux projets internationaux, notamment les projets structurants et compétitifs. Ce constat est d’ailleurs largement documenté par la Commission européenne, qui souligne l’existence de freins structurels, culturels et organisationnels à la pleine participation des femmes à la recherche et à l’innovation .
Pour encourager davantage les femmes enseignantes-chercheures, plusieurs leviers sont essentiels :

Démystifier les projets européens : beaucoup de femmes hésitent par manque d’information ou par perception de la complexité administrative. Un accompagnement de proximité, des formations ciblées et du mentorat sont déterminants.
– Valoriser des rôles modèles féminins : voir d’autres femmes coordonner, réussir et impacter à travers Erasmus+ ou Horizon Europe est un puissant facteur de motivation.
– Institutionnaliser le soutien : les universités doivent reconnaître le temps investi dans les projets (décharges, valorisation dans les carrières, soutien administratif).
– Créer des espaces de confiance : des équipes projets inclusives, où la parole et l’initiative des femmes sont encouragées, favorisent leur engagement durable.

Les programmes européens eux-mêmes vont dans ce sens. Erasmus+ et Horizon Europe intègrent désormais l’égalité de genre comme principe transversal, encourageant explicitement la participation et le leadership féminin . »

Un message aux femmes enseignantes-chercheures

« Les projets internationaux ne sont pas réservés à une élite. Ils sont des espaces d’apprentissage, de leadership et d’impact. Les femmes ont toute leur place dans Erasmus+, Horizon Europe et au-delà, non seulement comme participantes, mais comme coordinatrices et décideuses. »

Quels sont, selon vous, les principaux apports des projets internationaux pour les femmes enseignantes-chercheures ?

Pr. Karima Selmaoui :
« Les projets internationaux sont de véritables accélérateurs de carrière et de développement personnel, en particulier pour les femmes.
Sur le plan professionnel, ils permettent de :
– renforcer les compétences scientifiques, pédagogiques et managériales ;
– développer une expertise reconnue en ingénierie de projets, gouvernance, qualité ou innovation ;
– accroître la visibilité académique et institutionnelle, au niveau national et international.

Sur le plan humain, ces projets offrent :
des réseaux internationaux solides, fondés sur la confiance et la coopération ;
– une ouverture interculturelle et une capacité à travailler dans des environnements diversifiés ;
– une plus grande confiance en soi et une légitimité renforcée dans les espaces de décision.
Dans mon expérience, notamment à travers les projets Tempus et Erasmus+ CBHE portant sur l’inclusion, le développement durable, le changement climatique ou l’innovation pédagogique, j’ai constaté que les femmes jouent souvent un rôle clé dans la transformation sociale de l’université. Les projets comme SWING, RUMI, PACES ou INSIDE ont ainsi permis de promouvoir l’inclusion des étudiants en situation de handicap et de contribuer à la création de l’un des premiers Centres d’Inclusion (2ESH) dans une université marocaine.

Enfin, pour les femmes, s’engager dans des projets internationaux, c’est aussi participer activement à la construction des politiques éducatives et scientifiques, et devenir actrices du changement, en cohérence avec les objectifs européens d’égalité et d’excellence scientifique . »

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